Bâtir la résilience communautaire par l’entremise d’entreprises détenues et dirigées par des femmes
Bâtir la résilience communautaire par l’entremise d’entreprises détenues et dirigées par des femmes
Tout au long du mois de mars, la CEDEC soulignera la présence des femmes dans les affaires et la politique et dans les postes de leadership communautaire dans le cadre de notre série « Tirer parti du pouvoir des femmes pour rebâtir l’économie du Canada » en l’honneur de la Journée internationale des femmes (le 8 mars 2021). Nous sommes ravis de nous entretenir avec notre première invitée : Barbara J. Orser, M.B.A., Ph. D., professeure titulaire, professeure Deloitte à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa.
Q. : Comment les entreprises détenues et dirigées par des femmes offrent-elles un avantage concurrentiel à l’économie canadienne durant la pandémie et dans la phase de reprise postpandémie?
La semaine dernière, les copropriétaires de Capital City Luggage & Repairs à Ottawa a annoncé que, après 35 ans, ils liquidaient leur inventaire, fermaient leurs portes et remettaient l’entreprise à une des filles de l’un des propriétaires qui se concentra sur les ventes en ligne. L’annonce reflète quelques-uns des défis auxquels les petites entreprises font face durant la pandémie et les possibilités lors de la reprise postpandémie.
Plusieurs ont lu des reportages sur les effets dévastateurs de la pandémie sur les petites entreprises, particulièrement celles qui servent les consommateurs, comme le commerce de détail et les voyages. Il semble que Capital City Luggage and Repairs coche les deux cases. Plusieurs en sont aussi conscients ou peut-être ils vivent avec les effets qu’entraine la gestion d’une entreprise pendant qu’ils s’efforcent de jongler avec les responsabilités familiales associées aux mesures d’endiguement du virus.
Étant donné que les femmes sont plus susceptibles d’œuvrer dans des secteurs qui ont été les plus durement touchés par la pandémie, il n’est guère surprenant que Statistique Canada rapporte que, comparé à toutes les petites et moyennes entreprises, les femmes qui détiennent des entreprises sont plus susceptibles d’avoir transformé des produits ou services, d’avoir fermé temporairement ou annulé des contrats comme moyens d’adaptation. L’observation empirique suggère que les femmes sont surreprésentées dans les programmes pour le numérique et les rues principales. La transition de Capital City Luggage & Repairs à la vente en ligne reflète les efforts de nombreuses femmes qui se recyclent pour augmenter leur productivité et accroître leur clientèle.
Il s’agit d’une bonne nouvelle pour l’économie du Canada puisque les entrepreneures apportent des innovations fondées sur l’expérience au marché et qu’elles aident à garantir l’approvisionnement local. Un réseau grandissant d’entreprises à vocation sociale dirigées par des femmes crée des emplois, souvent en embauchant des femmes tout en abordant les besoins de la communauté. Un rapport publié en 2020 par le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat soutient que, par exemple, la majorité des entreprises à vocation sociale dirigées par des femmes sont 10 fois plus susceptibles d’être un organisme sans but lucratif ou un organisme caritatif qu’une entreprise sociale à but lucratif.
Professor Barbara Orser is a Full Professor and the Deloitte Professor in the Management of Growth Enterprises at the Telfer School of Management, University of Ottawa. For related Telfer studies, visit Women Entrepreneurs Research Exchange.
Q. : Quelles sont les implications de ne pas engager pleinement les femmes dans la reprise économique?
La McKinsey Global Institute (2020) estime qu’un scénario comportant la régression des genres dans lequel aucune action n’est entreprise pour contrer les effets de la pandémie réduira le PIB mondial de 1 billion de dollars. Par contraste, agir pour faire progresser l’égalité des genres contribuera 13 billions de dollars au PIB mondial en 2030. Malheureusement, il est de plus en plus manifeste que le premier scénario peut être celui qui sera joué au Canada.
Cette semaine, la RBC a rapporté que presque un demi-million des Canadiennes qui ont perdu leur emploi durant la pandémie n’étaient pas retournées travailler depuis janvier 2021. Plus de 200 000 d’entre elles ont glissé dans les rangs du chômage à long terme, reflétant une augmentation du triple à comparer à l’an dernier. Ce sont les signes avant-coureurs des répercussions de l’absence de l’engagement des femmes dans la reprise.
Q. : Avec un regard vers l’avenir et un maintien de l’avantage concurrentiel du Canada sur la scène mondiale, comment la société peut-elle mieux soutenir les femmes en affaires et les dirigeantes?
La communauté de la CEDEC est bien placée pour aider les femmes en affaires au moment où les mesures d’allègement s’atténuent. Ceci inclut les organismes de soutien aux entreprises régionales et les programmes de formation régionaux. Comme le précise le rapport de la RBC, la pandémie a démontré la valeur des compétences numériques dans tous les secteurs.
Des études effectuées par l’École de gestion Telfer ont révélé que, avant la pandémie et en comparaison aux hommes, les femmes étaient moins susceptibles d’adopter la technologie pour les opérations commerciales et d’accéder à la formation communautaire. Répondre aux besoins des entrepreneures est maintenant un test décisif de la capacité des organismes de soutien à l’entreprise de répondre efficacement à la reprise postpandémie. Ceci comprend une offre de formation professionnelle à tous les types d’entreprises, y compris les coopératives, les organismes sans but lucratif et les entreprises à vocation sociale. La priorité revient à ces secteurs où les femmes qui détiennent des entreprises sont prédominantes. Les mesures du rendement des programmes doivent s’élargir au-delà des résultats économiques conventionnels pour inclure les résultats sociaux et l’engagement des entrepreneures.
Les entreprises et les consommateurs peuvent aussi y jouer un rôle en achetant d’entreprises détenues et dirigées par des femmes. Le WBE Canada, un organisme sans but lucratif canadien qui travaille auprès des corporations et des gouvernements pour inclure les entreprises détenues par des femmes dans la chaine d’approvisionnement, a facilité ce rôle. En mars, le WBE Canada a lancé la « Canadian Women Brand », un logo qui identifie un produit fabriqué ou un service offert par une entreprise détenue par une Canadienne.
De telles mesures aideront à garantir que nous jouons tous un rôle dans le maintien de l’avantage concurrentiel du Canada — et que nous en profitons tous — en soutenant les entrepreneures.